Scrum & Agilité

L’origine de Scrum

Riadh Rezig

Riadh Rezig

CEO - ACROBATE

23 Nov 2025 4 min de lecture 25 vues
L’origine de Scrum

Scrum n’est pas né d’une illumination soudaine, ni comme une « méthode miracle ». C’est une synthèse. Une convergence. Jeff Sutherland, son co-créateur, a puisé dans quatre disciplines majeures — académique, militaire, industrielle et scientifique — pour créer une alternative radicale au modèle en cascade qui échouait systématiquement.

Le point commun de ces inspirations : la recherche d’un système qui apprend vite, s’adapte vite et supprime le superflu.

Voici les quatre piliers qui ont façonné Scrum — et pourquoi ils sont plus pertinents que jamais.

1. L’inspiration académique : le Rugby et le travail d’équipe réel

En 1986, Hirotaka Takeuchi et Ikujiro Nonaka publient dans la Harvard Business Review l’article fondateur The New New Product Development Game. Leur observation est simple : les entreprises qui innovent le mieux ne travaillent pas en séquentiel… mais en équipe, comme une mêlée de rugby.

Idée clé

Les équipes performantes avancent ensemble, se passent la balle, collaborent en continu — au lieu de travailler en relais, silo par silo.

Apport à Scrum

  • naissance du nom « Scrum »
  • équipes cross-fonctionnelles
  • travail simultané plutôt que séquentiel

Scrum est donc, avant tout, un jeu collectif basé sur la collaboration extrême.

2. L’inspiration militaire : la boucle OODA et la vitesse d’adaptation

Jeff Sutherland était pilote de chasse. Il a été marqué par le colonel John Boyd, créateur de la fameuse boucle OODA : Observe – Orient – Decide – Act.

En combat aérien, celui qui boucle OODA le plus vite survit.
Celui qui est trop lent… est abattu.

Idée clé

La vitesse d’apprentissage et d’adaptation est une arme stratégique.

Apport à Scrum

Le Sprint = une boucle OODA :

  • livrer
  • observer
  • décider
  • ajuster

Scrum n’est donc pas une méthode de gestion de projet :
c’est un système d’adaptation rapide conçu pour évoluer plus vite que la concurrence.

3. L’inspiration industrielle : Toyota, le Lean et l’élimination du gaspillage

Sutherland s’est inspiré du système Toyota de Taiichi Ohno : éliminer le Muda, tout ce qui ne crée aucune valeur pour le client.

Idée clé

Chaque minute de travail doit servir une amélioration réelle.
Le superflu est un ennemi.

Apport à Scrum

  • rétrospectives = moments de Kaizen
  • limitation du travail en cours (WIP)
  • concentration sur la valeur plutôt que les tâches

Scrum devient ainsi un système où la fluidité et la simplicité priment sur la bureaucratie.

4. L’inspiration scientifique : les systèmes complexes et l’empirisme

Avant l’informatique, Sutherland étudiait les systèmes vivants — notamment les cellules cancéreuses. Il en tire un principe fondamental : les systèmes complexes sont imprévisibles.

Une équipe humaine, un produit numérique, un marché : ce sont des systèmes adaptatifs. On ne peut pas les prédire ou les contrôler avec un plan figé.

Idée clé

On ne planifie pas l’inconnu.
On avance par petits pas, on observe, puis on ajuste.

Apport à Scrum

  • l’inspection
  • l’adaptation
  • l’empirisme
  • les cycles courts

Scrum devient alors une réponse directe à la réalité : le monde change trop vite pour planifier sur 2 ans.

Ce que Scrum nous enseigne réellement

Scrum n’est pas une méthode pour « mieux planifier ».
C’est un système pour mieux apprendre.

Sutherland a construit Scrum autour d’un principe fondamental :

La planification rigide est une illusion.
Les organisations gagnantes sont celles qui apprennent plus vite que les autres.

Scrum, c’est la combinaison de :

  • l’esprit d’équipe (Rugby)
  • la vitesse d’adaptation (OODA)
  • la chasse au gaspillage (Lean)
  • la science des systèmes complexes (empirisme)

Autrement dit : un cadre opérationnel inspiré du réel et adapté à l’incertain.

Pourquoi ce chapitre est dans le Playbook Acrobate

Chez Acrobate, nous ne « faisons » pas Scrum.
Nous comprenons Scrum.

Nous l’enseignons non comme un framework « textbook », mais comme un système vivant qui s'appuie sur :

  • l’observation,
  • l’amélioration continue,
  • l’adaptation,
  • et la collaboration radicale.

Scrum n’est pas une méthode informatique.
C’est une manière de penser, de travailler et de progresser plus vite que le marché.

Et c’est exactement cet état d’esprit qu’Acrobate transmet dans ses formations, ses missions et son accompagnement.

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